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Le témoignage de l’écrivain et docteur en chimie raconte de façon édifiante l’année passée dans le camp d’Auschwitz. Entre février 44 et janvier 45, Primo Levi découvrit l’horreur du massacre organisé, appelant alors Lager, plutôt que Shoah, cette expérience de l’indicible. Si c’est un homme compte aujourd’hui parmi les récits les plus puissants de la déportation.
Publié à Turin en 1947 par Francesco De Silva, le livre fait régulièrement allusion à L’Enfer de Dante, considérant ce voyage sans possible rédemption — là où le poème originel, à travers les cercles concentriques, permet de s’extirper pour atteindre progressivement le Paradis.
Rédigé sur la base du rapport que Leonardo De Benedetti fournit aux autorités soviétiques — Levi y avait participé dans une moindre mesure — Si c’est un hommeconnaît une nouvelle actualité. En effet, la Biblioteca nazionale centrale di Roma vient de faire l’acquisition d’une page manuscrite : s’inscrivant dans le chapitre Initiation, elle était destinée à l’édition de 1958 pour la maison Einaudi.
Tout le projet de Primo Levi était de raconter sans jugement, et le chapitre Initiation est au cœur de cette approche.
« C’est précisément parce que le Lager est une grande machine destinée à nous réduire à l’état de bêtes que nous ne devons pas devenir des bêtes ; que même en ce lieu, on peut survivre, et pour cela, il faut vouloir survivre, pour raconter, pour porter ce témoignage ; et pour vivre, il importe de s’efforcer de préserver le squelette, l’échafaudage, une forme de civilisation. » [traduction du rédacteur]
Ces mots de Primo Levi, figurant dans la page manuscrite découverte, seront à découvrir au Spazi900, espace numérique de la Bibliothèque de Rome, à compter de ce 27 janvier.
Pour les chercheurs, elle représente une double entrée dans le texte de Si c’est un homme. Les propos sont ceux d’un ex-sergent de l’armée austro-hongroise, également enfermé : Steinlauf. Ce dernier incita Levi à rester en vie, à se laver « le visage sans savon », à « marcher droit », à « ne pas trainer les pieds ». Des recommandations que Levi n’accepta qu’en partie. Et tout ce texte ne figurait pas dans l’édition de 1947 — ajouté seulement 11 ans plus tard pour l’édition révisée que l’on connaît aujourd’hui.
Elle atteste également de la réécriture intense dont l’ouvrage fit l’objet pour cette édition augmentée : des pans du livre que Levi ajouta spécifiquement pour la version destinée à Einaudi.
Le texte italien fut traduit en français pour la première édition chez Julliard en 1987 par Martine Schruoffeneger.
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